Je suis Chief Happiness Manager (2024)

Directeur du bonheur, cela vous dit quelque chose ? Plus connue sous le titre anglophone d'"happiness manager" ou de "Chief happiness officer" ("CHO", pour l'acronyme), cette profession se fait encore assez discrète en France. Ce poste représente pourtant l'avenir du bien-être au travail.

Happiness manager : le métier des altruistes

"C'est un nouveau métier, un métier qui va s'adapter aux besoins de l'entreprise. Il n'y a pas vraiment de fiche de poste (...) Il y a des happiness managers avec un soutien RH, d'autres avec un côté plus événementiel... Il n'y pas de définition précise même si les tâches restent fondamentalement les mêmes", explique Sophie Lepert, 41 ans, CHO et auteure du livre "Le cahier Heureuse dans mon job pour les Nuls"*.

Si le bonheur au travail sonne aujourd'hui comme une évidence pour elle, la carrière de Sophie Lepert n'avait pourtant pas - du tout - démarré dans cette direction : "J'ai été community manager pendant 10 ans. Quand la société pour laquelle je travaillais a été rachetée par Etsy, j'étais arrivée à saturation des réseaux sociaux", avoue-t-elle. "Dans mon ancienne entreprise, j'organisais naturellement des petit* événements comme des barbecues. Cette initiative a tellement été appréciée, que mes supérieurs ont acheté des barbecues électriques", se souvient-elle. La jeune femme était, sans le savoir, une happiness manager en devenir. "Lors du rachat de mon entreprise, les bureaux parisiens d'Etsy cherchaient un Chief happiness manager. Mes collègues m'ont dit que ce poste était pour moi, alors j'ai postulé et j'ai été prise", raconte-t-elle. Une opportunité en or pour celle qui voulait changer de voie. Un poste tout nouveau, tout beau, et... Sans formation ! "Je n'ai pas eu de formation de la part d'Esty. Mais finalement, dans ce métier, c'est surtout les compétences personnelles qui comptent : avoir de l'empathie, être altruiste... Le savoir être passe avant le savoir faire", souligne Sophie Lepert.

Même si deslivres existent sur le sujet et que quelques formations pointent le bout de leur nez, le manque de cursus officiels dédiés au métier du bonheur contribue au discrédit de la profession.

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"Si les salariés sont heureux, ils sont plus performants"

Bon nombre d'idées reçues circulent sur les happiness managers, notamment concernant les tâches qui leurs incombent (l'emplacement idéal d'une plante verte dans la cantine, par exemple). La réalité de ce poste n'a pourtant rien de futile et rime plutôt avec sérieux, rigueur et dévouement. Sophie Lepert évoque d'ailleurs ses missions avec minutie, en essayant de ne rien oublier tant la liste est longue : "Tout d'abord, il faut veiller à ce que l'équilibre vie personnelle et vie professionnelle soit respecté. Ce sont des frontières parfois très floues, notamment dans les start-up. Il y a également la partie organisation d'événements : apéro, barbecue, etc. Chez Etsy, on fait de petites réunions avec le personnel pour chercher comment améliorer la vie de l'entreprise. L'idée, c'est d'impliquer les salariés : un employé qui se sent bien, ça se répercute positivement sur sa société", argue-t-elle. Ce qui est aussi important que de fédérer les troupes, c'est l'aménagement du lieu de travail : "J'essaye de créer des espaces qui soient propices à la concentration, par exemple si quelqu'un est plus à l'aise quand il travaille debout, on tentera de trouver une solution. Il y a aussi ceux qui ont mal au dos, on achète alors du matériel adapté. On veut avoir un univers qui permet à chacun de s'épanouir, car si les salariés sont heureux, ils sont plus performants", ajoute la professionnelle. Enfin, en plus d'être happiness manager, Sophie Lepert porte aussi la casquette d'"office manager". "C'est un poste d'assistante 'plus plus' ! On gère les tickets restaurant, la comptabilité, les fournitures... La fonction est très polyvalente", explique-t-elle.

Toutes ces tâches semblent très éloignées des stéréotypes pesant sur la profession. Le bonheur ne se cultive pas avec des actions superficielles. L'enjeu est bien trop important pour les entreprises, pour qui, cette notion de bonheur permet de faire aussi des économies : "L'un de mes patrons avait tendance à dire que cela coûtait plus cher de laisser partir quelqu'un que de tout faire pour qu'il reste. Recruter une nouvelle personne, la former, etc : cela a un coût. On veut que les bons éléments restent chez nous", affirme Sophie Lepert.

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"L'happiness manager n'est pas un magicien"

Tout faire pour que les salariés restent, oui, mais pas n'importe comment. L'happiness manager est dans la suggestion, dans une démarche fédératrice et positive : pas question de forcer les employés à participer aux manifestations internes de l'entreprise. La frustration est contre-productive. "L'idée c'est vraiment de faire en sorte que chaque individualité puisse s'exprimer. On ne force pas les gens à participer aux événements qu'on organise : on veut trouver le juste équilibre", insiste l'auteure du cahier "Heureuse dans mon job pour les Nuls". Il faut également savoir que la recette du bonheur ne dépend pas que de l'happiness manager. "Ce poste doit être raccord avec les valeurs de l'entreprise. Si celle-ci traite mal ses employés, autant ne pas mettre de CHO. Intégrer cette fonction dans une société, c'est intéressant si tout le monde souhaite aller dans la même direction. Je pars du principe que l'employé doit avoir des tâches intéressantes à faire et surtout être valorisé et écouté par son manager", considère Sophie Lepert. "si le management est éxécrable, comment voulez-vous que les employéss’épanouissent ?", avertit-elle.

Si semer le bonheur dans la sphère professionnelle est un travail qui tend à se démocratiser, celui-ci n'est pas de tout repos. Ne pas s'oublier dans le bien-être des autres est finalement tout le défi de l'happiness manager.

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* "Le cahier Heureuse dans mon job pour les Nuls", de Sophie Lepert, éd. First, 9,95 euros.

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Author: Delena Feil

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